Article de Pierre Dardot paru dans Le Monde diplomatique Chile le 30 avril 2023
De tous les livres que j’ai pu écrire, ce livre est indiscutablement le plus personnel. Il l’est tout d’abord en ce que c’est le seul livre que j’ai écrit seul : j’ai écrit tous mes autres livres avec Christian Laval, de La nouvelle raison du monde (2009) à Dominer (2020). Mais il l’est surtout en ce que son écriture a sollicité un sens que je n’ai jamais mis en œuvre avec une telle intensité, celui d’une empathie politique à distance. Cette expression insolite mérite une explication. Pour commencer, ma génération (autour de 20 ans en 1973) a été durablement marquée par le Chili, à la fois portée par l’élan de l’Unité populaire et traumatisée par le coup d’Etat de Pinochet. Beaucoup plus tard, fin septembre 2016, je suis allé pour la première fois au Chili, invité à des « journées transdisciplinaires d’études sur la gouvernementalité » à la Faculté des sciences sociales de Santiago. Cette invitation faisait suite à la réception du premier des deux ouvrages mentionnés plus haut, entièrement consacré au néolibéralisme.
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