Collège de France Séminaire de Philippe Descola 16 mars 2017
Conférence de Pierre Dardot
Il ne s’agira pas pour moi d’aborder la question de la souveraineté en général ou in abstracto. A cet égard, je souscris à l’exigence d’un « nominalisme méthodologique » énoncée par Michel Foucault au début de son cours Naissance de la biopolitique : le souverain, la souveraineté, comme d’ailleurs le peuple, l’Etat ou la société civile se présentent certes comme des universaux, mais on ferait fausse route si on les prenait d’emblée comme point de départ de l’analyse des pratiques. Une telle démarche aurait immanquablement pour effet d’écraser ce qui s’invente dans et par les pratiques. Or les communs, comme je m’efforcerai de la montrer, constituent des pratiques sociales, à la fois individuelles et collectives, mais d’abord et avant tout des pratiques. Mon propos consistera à me demander en quoi la logique de ces pratiques que sont les communs vient inquiéter en son principe la logique de la souveraineté telle qu’elle s’est constituée en Occident en tant que logique de la souveraineté étatique.