Question Marx

en finir avec la pandémie de l'état-nation

article de Thibaut Sardier paru dans Libération le 09/09/2020

Dans leur dernier essai, le philosophe Pierre Dardot et le sociologue Christian Laval appellent à questionner en profondeur le modèle de l’État. Perçu comme indépassable, il ne cesse pourtant de montrer ses limites et se révèle incapable de répondre aux aspirations des citoyens. Selon eux, il faut redéfinir la souveraineté du peuple en laissant émerger de nouvelles formes de collectifs.

à contre-courant du nationalisme et du souverainisme

Entretien avec Pierre Dardot et Chritian Laval paru dans ContreTemps (Juillet 2020)

ContreTemps : Vous avez engagé une « enquête sur la souveraineté de l’État en Occident » (ouvrage à paraître sous le titre Dominer aux éditions La Découverte). En relation avec ce travail vous êtes intervenus par rapport à la crise actuelle pour éclairer divers problèmes liés à la question de l’État. Vous contestez l’idée que nous assisterions à un « retour » de la souveraineté étatique ou souveraineté nationale. On vous suivra sans problème lorsque vous rappelez que le néolibéralisme s’accorde très bien avec l’existence d’un État fort, lequel est nécessaire pour que l’économie soit livrée au contrôle du seul marché. En quoi la crise présente, loin de signifier un prétendu « retour » de l’État, vous apparaît-elle valoir rappel de cette donnée décisive ?

Lire la suite de l'entretien

dominer. enquête sur la souveraineté de l'état en occident

Livre de Pierre Dardot et Christian Laval paru le 27/08/2020 aux éditions La Découverte

Il est courant de déplorer le déclin de la souveraineté de l’État-nation, qui semble devoir être aujourd’hui supplantée par la puissance du capital mondial. Restaurer la verticalité de l’État et son autorité serait ainsi la seule voie pour contester le globalisme néolibéral. C’est contre cette illusion, encore trop répandue à gauche, que Pierre Dardot et Christian Laval ont entamé ce long parcours dans l’histoire complexe et singulière de l’État occidental moderne, depuis sa naissance à partir du modèle de l’Église médiévale jusqu’à son rôle actuel d’État-stratège dans la concurrence mondiale.

Comprendre les aléas et les détours de cette construction, c’est mettre à nu les ressorts d’une domination sur la société et sur chacun de ses membres qui est fondamentalement de l’ordre de la croyance : les « mystères de l’État », le culte de sa continuité qui oblige ses représentants par-delà leur succession, la sacralité dont ces derniers aiment à s’entourer dans l’exercice de leurs fonctions, autant d’éléments qui ont pu changer de forme, mais qui demeurent au principe de sa puissance. En retraçant cette généalogie, il s’agit pour les auteurs de montrer que l’on ne peut répondre aux défis de la mondialisation capitaliste et du changement climatique sans remettre en cause cet héritage. Car l’invocation de la souveraineté « nationale » est devenue l’alibi de l’inaction climatique et de la perpétration des écocides.

Pour affronter ces enjeux globaux, il est indispensable de s’attaquer à un tel régime d’irresponsabilité politique qui dispense les gouvernants de rendre des comptes aux citoyens. C’est dire qu’il faut ouvrir la voie à un au-delà de la souveraineté étatique.

 

lire et le premier chapitre avec le lien suivant : https://fr.calameo.com/read/0002150222c6c75bac2df

écouter La Grande Table sur France Culture du 10/09/2020 :

https://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-idees/le-retour-de-letat-souverain