Article de Pierre Dardot et Christian Laval paru dans ContreTemps N° 31 octobre 2016
On assiste depuis plus d’un an en France à ce que beaucoup s’accordent à appeler une « régression démocratique » : installation durable dans un état d’urgence indéfiniment prolongé, projet de loi sur la « protection de la Nation » proposant d’inscrire dans la Constitution l’état d’urgence et la possibilité d’une déchéance de nationalité pour les personnes reconnues coupables de terrorisme, perquisitions de nuit comme de jour, arrestations arbitraires, interdictions de manifester, contrôle policier des accès aux manifestations, imposition d’un périmètre à une manifestation organisée par les syndicats, ce qui est sans précédent en France, etc. Au lendemain de l’attentat de Nice, plusieurs voix se sont élevés à droite pour préconiser la restriction ou l’« adaptation » de l’Etat de droit aux nécessités de la « guerre contre le terrorisme », certains allant jusqu’à proposer de supprimer purement et simplement l’Etat de droit lui-même.